Sauvetage en mer

L’histoire de la station SNSM de Quiberon

La station SNSM (Société nationale de sauvetage en Mer) de Quiberon est l’une des 214 stations de sauvetage bénévoles qui assurent la sécurité des usagers de la mer et des côtes en France. Elle fait partie de la SNSM, une association reconnue d’utilité publique fondée en 1967 par la fusion de la Société centrale de sauvetage des naufragés (SCSN) et des Hospitaliers sauveteurs bretons (HSB).

Les origines du sauvetage en mer à Quiberon

La station de sauvetage de Quiberon existe depuis 1870. Elle est née sous l’impulsion de la SCSN, créée en 1865 pour organiser le secours aux naufragés avec des canots à rames ou à voiles. L’Alexine n°23, construit aux chantiers Augustin Normand, fut son premier canot de sauvetage. Ce bateau en bois de 9 m 78 à redressement était équipé de cinq paires d’avirons et fut utilisé par les sauveteurs en mer jusqu’en 1905.

Le bateau était lancé depuis une rampe à Port Maria, le port de pêche de Quiberon, plus grand port sardinier de France à l’époque. Fortuné Le Quellec, un marin-pêcheur quiberonnais, fut le premier patron de la station et se distingua par plusieurs actes de bravoure.

De 1905 à 1911, c’est le Canot Georges et Marie Copin qui prend la relève. Une charette permet de le lancer depuis la rampe de la maison-abri de Port Maria dans lequel il est stocké.

Bénédiction du canot de sauvetage Georges et Marie Copin à Quiberon
La foule se presse à Port Maria pour la bénédiction du canot de sauvetage Georges et Marie Copin

En 1911, la station de Quiberon s’équipe du canot « Le Comte de Comtesse Foucher de Saint Faron » qui sera utilisé jusqu’en 1947. Faute de moyens en cette difficile période d’après guerre, la station est incapable de le remplacer et reste sans canot de sauvetage en mer pendant 33 ans !

Bateau de sauvetage à Port Maria, Quiberon
Canot de sauvetage sur son chariot de mise à l’eau

Pendant touts ces années, l’aide aux naufragés dans la baie de Quiberon sera assuré tant bien que mal grâce aux bateaux des pêcheurs de la presqu’île.

Le naufrage du Carl Bech, un des moments les plus marquants de la station de sauvetage de Quiberon

Le 21 décembre 1911, le trois-mâts norvégien Carl Bech en provenance du Pérou pour livrer sa cargaison de guano à Nantes est pris dans une terrible tempête à l’approche des côtes bretonnes. Entre Groix et Belle-Île, le navire talonne sur les hauts fonds des Birvideaux (danger qui n’est pas encore signalé par un phare comme aujourd’hui), perd son safran et devient non manoeuvrable.

A la merci des éléments, le bateau dérive vers la côte sauvage de Quiberon. Son équipage tente une ultime manoeuvre pour éviter la catastrophe en mouillant deux ancres, mais les lignes d’amarrage cèdent et le trois-mâts se fracasse sur les rochers de la basse Saint-Clément, à quelques encablures de la pointe de Beg er Vil.

Naufrage du Carl Bech, trois-mâts norvégien le 21 décembre 1911 sur la presqu'île de Quiberon
Le trois-mâts norvégien « Carl Bech » s’abîme sur la côte sauvage de la presqu’île de Quiberon en décembre 1911

La mer est si démontée, qu’ordre est donné de ne pas lancer le canot de sauvetage depuis Port Maria. C’eut été envoyé l’équipage à une mort certaine, et les quiberonnais massés sur la côte assistent impuissant à l’agonie du navire. Un tant réfugié dans la mature, l’équipage est peu à peu avalé par les vagues et drossé sur les rochers. Il n’y eut aucun survivant.

En hommage aux naufragés, une stèle est érigée sur la côte sauvage à l’endroit de la catastrophe, et depuis, chaque année, une cérémonie est organisée en mémoire des marins norvégiens au son de la cloche du navire retrouvée au fond de l’eau par des plongeurs.

La création de la SNSM et l’évolution du sauvetage en mer

En 1967, la SCSN fusionna avec les HSB, une association bretonne fondée en 1873 pour secourir les marins-pêcheurs avec des canots à rames ou à voiles. La nouvelle entité prit le nom de SNSM et se donna pour vocation de secourir bénévolement et gratuitement les vies humaines en danger en mer et sur les côtes. Elle fut reconnue d’utilité publique en 1970 et bénéficia du soutien financier de l’État, des collectivités territoriales et des dons privés.

Les missions et les moyens de la station SNSM de Quiberon

La station SNSM de Quiberon assure la sécurité des usagers de la mer et des côtes sur une zone allant de la pointe du Conguel à la pointe du Percho, en passant par les îles de Houat, Hoëdic et Belle-Île-en-Mer. Elle intervient principalement pour des opérations de sauvetage, d’assistance médicale, de remorquage ou de prévention. Pendant la crise du Covid 19, la vedette de la SNSM a enchaîné les évacuations sanitaires des îles vers le continent.

La station SNSM de Quiberon compte une quarantaine de bénévoles, dont 12 patrons et 28 équipiers, qui se relaient 24h/24 et 365 jours par an pour assurer la permanence opérationnelle. Ils sont formés aux techniques de navigation, de secourisme, de lutte contre l’incendie et de communication.

La SNS 142 La Teignouse

Ils disposent du canot tous temps, la SNS 142 « LA TEIGNOUSE », une vedette de 1ère classe insubmersible et auto-redressable qui a rejoint la station de Port Maria en 2002, mais aussi d’un semi-rigide Zodiac Hurricane de 7,5 m, la SNS 712 « La Quibe­ron­naise » équipée de deux puissants moteur hors-bord qui permet des interventions rapides et légères.

La SNS 142 "La Teignouse"
La SNS 142 « La Teignouse » basée à Port Maria sur la presqu’île de Quiberon

La station SNSM de Quiberon est financée par des subventions publiques (État, région, département, commune) et par des dons privés (particuliers, entreprises, associations). Elle organise régulièrement des manifestations pour sensibiliser le public à son action et récolter des fonds. Elle participe également aux Journées nationales du secours en mer, qui ont lieu chaque année au mois de juin et qui permettent aux visiteurs de découvrir les moyens et les missions des sauveteurs en mer.

Conclusion

La station SNSM de Quiberon est un acteur essentiel de la sécurité maritime sur le littoral morbihannais. Elle perpétue une tradition séculaire du sauvetage en mer qui remonte à la création de la SCSN en 1865. Elle dispose de moyens modernes et performants pour intervenir dans les meilleures conditions possibles. Elle repose sur l’engagement bénévole et désintéressé de ses membres, qui méritent le respect et la reconnaissance de tous les usagers de la mer.